Le mot présence, « pré »-« sence » renvoie à ce qui vient avant l’être, devant l’être.

Notre corps est toujours dans l’ici et le maintenant, mais est-ce que ma conscience est vraiment dans la présence ? Où se place ma conscience ?

La présence se décline dans deux dimensions : elle est à la fois présence dans l’espace mais aussi dans le temps. Présence dans l’espace qu’habite mon corps et présence dans la dimension temporelle qui va se décliner entre passé, présent et futur. Est-ce que ma conscience est équilibrée me permettant une expérience de la présence profonde ou est-ce que mon mental est perturbé par des éléments intérieurs ou extérieurs ? Est-ce que ma conscience se ballade dans des évènements passés ou dans des expectatives futures ?

Le relâchement du corps va contribuer à cet état de présence. Les tensions physiques indiquent une tension dans l’état émotionnel ou une pensée qui me perturbe dans mon état au moment présent. Quand je suis dans un état de présence, je suis dans une polarité neutre, l’état de présence apporte une tranquillité, un calme. S’il y a une mémoire qui est de l’ordre du passé, c’est qu’elle cherche à se réactiver. Cette mémoire est soit dans une polarité « négative » parce que ce que j’ai vécu était de l’ordre du désagréable, soit dans une polarité « positive », évoquant un événement agréable que je voudrais voir se reproduire dans mon futur.

Si je suis dans des pensées relatives au passé, qu’est-ce que mon passé essaie de me dire pour retrouver cette qualité d’être dans l’instant présent ?

Si je reviens dans l’état de présence passée, je regarde avec conscience comment j’ai accueilli ce qui s’est passé, comment j’ai perçu les choses et comment je les ai interprétées ? Ma perception de ce qui s’est passé à travers mes sens ainsi que l’interprétation que j’en ai faite à travers mon mental sont induites par ce que je pouvais attendre à ce moment là. À chaque instant, si des pensées m’amènent à : « je n’aurais pas dû faire ça » ou « ça ne m’a pas convenu » ou « j’aurais du faire autrement », alors dans ce moment passé je n’étais pas dans ma présence. J’étais plutôt dans ce que je voulais, donc dans mon égo et j’ai alors jugé ce qui se passait en fonction de mon attente. Je n’ai pas accueilli ce qui se passait. Si j’accueille ce qui est, il n’y a pas de tension, mon mental est calme et posé et demeure dans la présence.

Mon attente est toujours par rapport à ce qui devrait arriver, ce que l’autre devrait faire, ce que je devrais faire, donc ma conscience est déjà projetée dans le futur, ce qui m’empêche d’accueillir pleinement ce qui se présente à moi. Les qualités de présence ne sont plus suffisamment intenses à ce moment-là car elles ne sont plus centrées sur la présence mais sur mon mental égotique qui voulait quelque chose qui ne s’est pas produit. Pour réajuster cela, je peux retourner dans ma présence du passé, pour changer les paramètres de mon mental égotique à ce moment-là, pour accueillir ce que je n’avais pas accueilli. Alors, les tensions qui sont présentes dans le corps et qui sont associées au passé disparaissent par nature parce que je retrouve la présence dans cette qualité d’être. On peut accéder à une qualité de concentration dans cet espace et dans ce temps, dans ce que je vis d’une façon consciente, d’une façon équilibrée à l’intérieur. La notion de présence réunit ces deux énergies de l’espace et du temps pour justement être dans l’axe, dans la verticalité afin d’entrer non plus simplement dans mon corps mais dans un véritable état intérieur, dans un état de conscience. Au départ, c’est un apprentissage pour pouvoir demeurer dans cet état méditatif, il peut y avoir des instants qui se prolongent de plus en plus. Plus je suis en accord avec ce qui se passe et avec ce qui est, plus je suis dans la joie, parce que je suis dans l’accueil de ce qui est et de ce qui peut arriver.

Etymologie :

Lat. præsentem, de præsum, qui vient de præ, avant, et sum, je suis.

Franck Échardour